En guise de prologue

En l'an 2011, j'ai pu mener à l'Université de Louvain-la-Neuve une petite enquête parmi les étudiants étrangers. Mon questionnaire portait notamment sur leurs sentiments vis-à-vis de l'humour pratiqué en français. Les réactions recueillies étaient parfois révélatrices d'un véritable fossé culturel.

Ainsi, à son arrivée en Belgique, une étudiante russe avait trouvé l'humour franco-belge "agressif' et "brusque". Elle rejetait l'humour en bloc et après un an d'immersion complète dans une famille, elle restait toujours hermétique aux traits d'esprit. Elle les trouvait blessants et irrespectueux: ceux-ci n'arrivaient jamais au bon moment.

Deux étudiants japonais n'ont pas hésité à taxer d'impolies et de vulgaires les manières franco-belges d'extérioriser le rire. Jamais pareilles attitudes ne pourraient se rencontrer au Japon. Les sujets abordés par le rire n'ont rien à voir non plus avec ceux de leur pays: chez eux, on ne rit pas des maladroits, des gens qui tombent par inadvertance, des personnes âgées ni des handicapés. De plus, le Japon impose aux rencontres un aspect plus formel que chez nous. Il n'est pas question de lâcher un trait d'humour pour dérider les protagonistes, à l'inverse de la Belgique où le bon mot est apprécié en cette circonstance.

Même les Italiens ont confessé leur étonnement vis-à-vis des amusements franco-belges, possibles selon eux dans un contexte plus "fou", plus "débridé" que chez eux.

Par ailleurs, la plupart de ces étudiants, d'un niveau avancé en français, ont reconnu n'avoir jamais été formés à analyser les traits d'esprit. A vrai dire, ils n'ont fait que renforcer ma conviction selon laquelle pareil apprentissage doit commencer le plus tôt possible.

Comme pour les mécanismes allusifs, être capable de démonter les ressorts de l'humour constitue l'un des grands enjeux de la formation à la compétence culturelle.

Mon article comportera deux parties. Je m'attacherai d'abord à préciser les bornes linguistiques et culturelles essentielles pour conférer un statut à l'humour. Je soulignerai notamment les enjeux d'une approche interculturelle de l'humour dit "ethnique". J'esquisserai ensuite quelques pistes didactiques qui tenteront de répondre aux objectifs communément assignés au niveau débutant.

 

1. Approche linguistique et culturelle de l’humour

1.1. Les histoires drôles

L'histoire drôle tient souvent en peu de lignes (1). Véritable petit récit à elle toute seule, elle est nécessairement linéaire, obligeant ainsi celui qui l'écoute à construire progressivement la représentation de ce qui est dit. Le récepteur, qui reconstruit le sens, se trouve dans l'incertitude par rapport à l'émetteur. C'est cette incertitude qui permet l'effet de surprise, condition nécessaire au déclenchement du rire.

L'effet de surprise tient également à une autre caractéristique du langage comique, mise en lumière par tous les théoriciens qui ont porté un intérêt à l'humour: l'incongruité. La nature de cette incongruité varie pour chacun. Pour H. Bergson2, elle est du "mécanique plaqué sur du vivant", pour J. Fourastié3 "rupture de déterminisme", pour F. Evrard4 "discordance de signification" et "écart" pour J.-M. Defays5 La diversité de toutes ces dénominations renvoie en réalité à un référent identique: un décalage par rapport aux normes du réel. Ce décalage est double: il ressortit à la fois au champ de la pragmatique et à celui de la sémantique.

 

1.1.1. L'incongruité pragmatique

L'on parle souvent du "double jeu du langage humoristique". Il est vrai que cette question est capitale dans une analyse de l'humour. Mais à un niveau d'analyse plus large, l'incongruité semble surgir sur le plan pragmatique: "Le rire provient d'une fraude, d'une supercherie, véritable piège tendu à l'esprit humain avide de vérité7.

Beaucoup d'histoires drôles subvertissent le réel dans ce qu'il a de logique. Le comique naît dans ce cas de l'inadaptation des paroles aux conditions de leur utilisation: le récepteur sait pertinemment que de tels propos ne pourraient pas être tenus dans le contexte présenté par la blague. C'est justement l'émergence de ces paroles qui est drôle, le fait que leur locuteur croie qu'elles tombent à propos. Ce décalage rend le dialogue totalement inapproprié à ses conditions de réalisation, même si celui-ci est syntaxiquement et sémantiquement correct. En voici un exemple:

"Alors qu'un éléphant est en train de prendre son bain, une petite souris arrive avec un air furieux, les sourcils froncés et les poings sur les hanches: `Sors de ton bain IM-ME-DIA-TE­MENT', lui dit-elle. L'éléphant s'exécute alors, tremblant de peur. La souris inspecte la baignoire puis l'observe attentivement et lui dit: « Ça va, j'ai cru que c'était toi qui avais volé mon maillot ».

L'incongruité pragmatique est double dans ce cas-ci. Elle intervient en premier lieu en assignant à deux animaux des comportements humains: la capacité qu'ils ont de parler, l'air furieux de la petite souris, l'éléphant tremblant de peur. A un second degré, l'incongruité apparaît lorsqu'on comprend que la petite souris soupçonnait l'éléphant de lui avoir volé son maillot et qu'elle venait, en fait, vérifier qu'il ne le portait pas: elle croit possible l'échange de vêtements et la convoitise de son partenaire!

L'effet comique peut aussi provenir de la subversion des « scripts situationnels »8 qui régissent le rôle social de tout individu. Plusieurs histoires tiennent compte de la connaissance qu'a le lecteur du monde et proposent des conduites inadéquates par rapport à ces scripts. 

Dans ce cas, l'histoire drôle est adaptable à d'autres situations, par une simple transposition des protagonistes; elle est même traduisible. Ce n'est donc pas ce type de blague que l'apprenant aura le plus de mal à appréhender. La langue n'est jamais que le support de ce qui fait rire, elle n'en est pas le principe: toute histoire drôle que l'on peut traduire ne repose pas sur la langue, elle l'utilise simplement comme vecteur.

 

1.1.2. En sémantique

Par ailleurs, si le langage humoristique suppose la conscience d'une imposture, c'est également vers une inadéquation entre signifiant et signifié qu'il faut se tourner. Tout comme les figures de rhétorique, l'humour refuse l'expression courante, le signifiant accoutumé. Pour un signifié donné, il préférera en effet un signifiant inhabituel. En conséquence, ce signifiant perdra son lien avec son signifié initial ou plutôt le verra relégué à un plan secondaire. Pour André Petitjean9, cette incongruité lexicale est issue soit de la polysémie, soit de l'homonymie.

Dans le premier cas, le mot d'esprit repose sur la possibilité qu'a un même terme dans le discours de revêtir des sens totalement différents en fonction du contexte10. Généralement, l'actualisation d'un terme dans le discours réduit son potentiel sémantique. Mais, dans le cas d'une histoire drôle, ce potentiel n'est pas réduit au maximum, comme il le serait pour éviter une ambiguïté. Il en résulte une conservation de plusieurs traits sémantiques, incompatibles et ambigus, cohabitant en un seul terme. Prenons un exemple:

"Un esquimau fait les cent pas dans la rue... D'un geste nerveux, il sort un thermomètre de sa poche et murmure: `Si elle n'est pas là à moins dix, je m'en vais"'.

Dans cette blague, les termes moins dix relèvent de deux champs de signification différents: celui du temps ou celui de la température. C'est dans la jonction des deux que s'actualise le trait d'esprit.

Quant au procédé de l'homonymie, il caractérise aussi un très grand nombre de blagues11. L'homonymie peut prendre la forme d'un mot: "Un neutron est passé en jugement mais aucune charge n'a pu être retenue contre lui", ou d'une phrase: "Que fait une baleine quand on la chatouille? Elle dit: `C'est assez, j'ai le dos fin' et elle se cache à l'eau". L'ambiguïté introduite peut être levée par l'orthographe, la syntaxe, le contexte ou la diction. Mais dans les histoires drôles, elle est évidemment maintenue.

Je voudrais à présent aborder le second pôle d'une perspective didactique et, après la langue, montrer en quoi l'humour est lié à la culture. Ce sera pour moi l'occasion d'analyser un sujet particulièrement délicat: l'humour dit ethnique.

 

1.2. L'humour appliqué à la rencontre interculturelle

1.2.1. Origine et définition de l'humour ethnique

Selon Mahadev Apte12, toute approche de l'humour ethnique implique nécessairement une réflexion sur les notions d'identité ou d'ethnicité, indissociables de celle de groupe socioculturel.

Certaines caractéristiques de base permettent de cerner ce qui peut être considéré comme un groupe ethnique: une origine géographique ou nationale commune, une culture identique, une unité de religion, de race ou des caractères physiques et une cohérence langagière. Tous ces éléments représentent la dimension socioculturelle d'un groupe ethnique: par un espace-temps commun, le groupe partage un ensemble d'habitudes qui le caractérisent.

Il est une autre dimension attachée à la formation d'un groupe ethnique qui peut être considérée comme psychologique. Chaque individu partage avec les autres membres de son groupe la conscience d'une identité basée sur des traits qu'il perçoit comme caractéristiques de sa communauté. Il s'agit d'une réalité subjective qui peut ou non être appuyée sur des données objectives.

A la suite de Apte, nous pouvons définir le concept d'humour ethnique comme "un type d'humour dans lequel on s'amuse du comportement, des coutumes, de la personnalité ou de tout autre trait spécifique à un groupe ou à un de ses membres en vertu de son identité socioculturelle'. En fait, ce phénomène reflète la perception et l'évaluation des traits d'une autre communauté par rapport aux normes culturelles de son propre groupe.

 

1.2.2. Fonctionnement

C'est par de multiples biais que se manifeste l'humour ethnique: proverbes, devinettes, rimes, récits, anecdotes et légendes. Mais c'est à travers les histoires drôles qu'il apparaît le plus fréquemment.

Incarné en blague, l'humour ethnique comporte donc une incongruité: il trace le portrait d'un individu qui met en scène une rupture logique dans le déroulement de ses comportements ou entre ses paroles et ses gestes. La blague induit un lien de cause à effet entre cette anomalie et l'origine ethnique de l'individu visé, en exagérant un trait de personnalité ou un comportement associé au groupe. En voici un exemple:

"Un Belge va au cinéma, il achète son billet à la caisse et pénètre à l'intérieur. Une minute plus tard, il revient et en achète un autre. Puis quelques minutes plus tard, il revient encore et demande un autre billet.

- Je ne comprends pas, dit la caissière, je vous en ai déjà vendu deux!

- Je sais, répond le Belge, mais chaque fois que j'entre dans la salle, un monsieur me le déchire".

Un autre type de blague consiste à confronter des individus de groupes différents à une situation commune: ils y réagiront en obéissant aux stéréotypes populaires concernant leur comportement, leurs actions, leur langage ou leur façon d'effectuer une tâche.

L'humour ethnique se moque, caricature et s'amuse d'un groupe spécifique ou de ses membres à travers leur identité ethnique; il dépeint la supériorité d'un groupe sur d'autres. Les cibles les plus fréquentes sont identiques d'un bout à l'autre de la planète: les minorités, tant linguistiques que sociopolitiques, ainsi que les cultures ou nationalités voisines. "Je fournis l'humour [...], vous fournissez l'ethnie": tel est le commentaire de Joey Adams14, révélateur du schéma récurrent de ce type d'humour.

 

1.2.3. Enjeux d'une approche interculturelle de l'humour

Si l'humour ethnique nous intéresse dans une perspective didactique, c'est principalement pour deux raisons.

Prêter attention à ce genre de blagues permet tout d'abord une analyse réflexive des stéréotypes (auto- et hétérostéréotypes) qui y sont sous-jacents. En effet. l'observation de pareilles blagues donne la possibilité de discerner quelles sont les opinions, les attitudes, les croyances et intentions cachées concernant les groupes ethniques ciblés.

Une telle approche permet aussi de dénouer les malentendus culturels que nos us et coutumes en matière de rire pourraient créer. Mon enquête me l'a confirmé: d'une culture à l'autre, on ne rit pas dans les mêmes conditions ni des mêmes figures. En classe de langue, un des enjeux importants consiste précisément à faire accéder les apprenants aux représentations, croyances, attitudes et valeurs partagées par tous les membres de la communauté dont ils apprennent la langue15. L'étude de l'humour est une des modalités de cet enjeu.

 

2. Quelques pistes didactiques

Je voudrais à présent ouvrir quelques pistes d'exploitation des caractéristiques de l'humour mises en évidence jusqu'ici. Mais avant cela, je souhaiterais attirer l'attention de mes lecteurs sur l'existence d'un petit ouvrage tout à fait intéressant pour notre sujet.

2.1. Un apprentissage par les blagues:

La conversation en s'amusant, de Robert Kleinschroth16

Ce petit manuel est une mine de trésors pour quiconque désire introduire l'humour dans l'enseignement du FLE. L'ouvrage, de 250 pages, est destiné aux germanophones désireux d'apprendre un français spécifique, celui de la conversation courante. Il s'ouvre sur une table des matières bilingues présentant 17 chapitres. Ceux-ci couvrent en moyenne douze pages et ont chacun pour vocation d'exercer l'apprenant à un acte de parole utilisé lors d'un contact avec un natif. Ils sont indépendants les uns des autres et peuvent donc être abordés dans le désordre, même s'ils suivent une certaine logique.

Le manuel devance chaque éventualité: s'il apprend à exprimer ses félicitations, il envisage également le compliment, la flatterie et la réaction aux flatteries. C'est précisément là qu'intervient l'humour. Les actes de parole sont présentés en contexte par le biais d'une histoire drôle. La page de droite, appelée "anthologie de l'humour français" soumet à l’apprenant quelques  blagues, mettant en évidence la phrase à retenir en caractères gras. La page de gauche présente une synthèse de toutes les manières possibles d'exprimer cette idée, sous les ternies de "petit lexique de la conversation". Au bas de cette page apparaît une liste de mots de vocabulaire dont l'ensemble est repris à la fin du livre.

L'auteur reproche aux manuels habituels d'être construits de manière artificielle, banale et sans cohérence. Ils ont peu de sens pour les lecteurs, ce qui est un obstacle pour la mémoire. La plaisanterie, par contre, est un texte court et fermé (ayant un début et une fin), qui raconte une situation ou une petite histoire de manière vivante. De plus, elle est un véritable défi intellectuel: on la lit, on la comprend, elle nous procure du plaisir. Si elle est bonne, on la racontera. A l'inverse, aucune des phrases des autres manuels n'amène le lecteur à la répéter ou à la réutiliser telle quelle. Or, la pratique et la répétition constituent la base de l'apprentissage. Ceci me paraît tout à fait judicieux: l'histoire drôle a un rôle social indéniable.

Le problème est qu'ici elle n'est pas abordée dans sa spécificité. Elle est un biais, un détour, un tremplin à d'autres compétences. Celles-ci sont nécessaires évidemment; il n'est nullement question de remettre cela en cause. Et une approche par l'humour ne peut nous sembler qu'intéressante et originale. Mais il ne s'agit pas encore d'humour proprement dit. Les apprenants ne sont pas encouragés à en décoder le message.

2.2. Des pistes pour un niveau débutant

Quant à ma démarche par rapport à l'humour, elle s'inscrit dans la perspective de R. Galisson pour l'importance qu'il accorde à la fois aux besoins pratiques des apprenants et aux mots à charge culturelle partagée (les culturèmes), qui ont le privilège de prendre en charge les différentes facettes de la culture comportementale. Tout comme l'humour, auquel elle a d'ailleurs souvent recours pour s'exprimer, celle-ci prend appui sur la connivence que nouent entre eux les membres d'une même culture.

Par ailleurs, tout en veillant à adapter mon parcours aux débutants, je me soucie aussi des exploitations possibles aux niveaux supérieurs. En effet, le comique a cette caractéristique éminente de couvrir une large palette: du plus facile et du plus accessible au plus recherché, au plus complexe.

La progression des activités de mon parcours tient plus à la sphère culturelle qu'à la sphère linguistique. Il est évident que ces deux éléments ne sont pas dissociables. L'acculturation passe par la compréhension de phénomènes langagiers particuliers, mis en œuvre par l'humour. Tout en ayant à l'esprit un objectif culturel, je cherche donc d'abord à y attacher une appropriation linguistique. C'est dans une autre étape que l'humour se pose alors sous un angle culturel. Je vois un intérêt particulier à travailler les compétences langagières à l'intérieur même de la compétence culturelle. C'est alors que celles-ci prennent un sens concret aux yeux de l'apprenant: dans un tel contexte, elles doublent les enjeux.

Un test introductif à une approche de l'humour, inspiré d'un test proposé par le docteur Rubinstein17, constitue la première séquence de mon parcours et vise à un partage des représentations Ce test se présente surtout sous forme de questions à choix multiple. Exemples : Riez-vous ?  (beaucoup/trop/un peu/jamais). De quoi riez-vous (de la maladresse des autres, de votre propre maladresse, de votre propre maladresse et de celle des autres). Mais on y trouve aussi quelques questions. plus ouvertes : Vous est-il déjà arrivé d’éclater de rire dans un endroit où cela est mal vu? Si oui, où et quand?

On rit dans toutes les cultures, mais pas de la même manière ni dans les mêmes circonstances. Cette séquence va permettre aux apprenants d'exprimer leur avis et les initiera au "code social" du rire dans notre culture.

Les supports de la deuxième séquence auront comme point commun une mise en scène de l’alphabet graphique ou phonétique, comme L’alphabet scout et divers virelangues. Je souhaite tirer parti des sonorités et des rythmes particuliers et exploiter leur effet ludique à des fins utilitaires. Je réalise un premier pas sur le chemin vers le double sens qui nous conduira plus tard à aborder les blagues.

La troisième séquence a trait au comique lexical. J’envisage par là le jeu de mots, plus particulièrement le calembour, à travers la blague dans sa totalité. Cette séquence vise à aiguiser la faculté des apprenants à reconnaître un terme ambivalent, inscrit dans un discours mettant en scène deux de ses signifiés dans un but ludique.  Les apprenants seront en outre aptes à distinguer la trame de certaines histoires drôles à partir d’un repérage d’indices.

Il serait intéressant de partir de blagues racontées par les apprenants : s’ils traduisent des bons mots de leur langue maternelle, l’on pourra déjà cerner une première catégorie de blagues, issues de l’incongruité pragmatique. S’ils communiquent à la classe des blagues entendues des natifs, comprises ou, mieux, incomprises, la base de travail sera d’autant plus complète que tous les cas de figure envisageables à ce niveau seraient prises en compte : on suppose que l’incompréhension apparaît quand la traduction n’est plus possible et que le comique surgit à l’intérieur même des caprices fomentés par notre langue. La première distinction est donc celle qui différencie le comique jouant sur le mot du comique né de l’inadéquation d’un comportement ou d’une parole aux règles de la logique.

La quatrième séquence porte sur le comique national. Un document reprenant les extraits d’un ouvrage français de blagues belges (Van der Boute-hen train) permet aux apprenants d’appréhender la légendaire réputation des Belges auprès de leurs voisins français. En outre, elle leur fera prendre conscience de la récurrence du mécanisme à la base de l’humour ethnique : faire passer sa cible pour incapable et idiote.

 

Ces propositions sont bien entendu à opérationnaliser quant à leur déroulement. Le temps me manque pour le faire ici. Ce que j’ai tenté de souligner dans cet article, c’est que, plutôt que d’entreprendre avec les apprenants un inventaire exhaustif des manifestations de l’humour, il fallait plutôt tenter de les amener à une déconstruction de son mécanisme interne et à un repérage des stéréotypes qu’il véhicule pour leur permettre de pénétrer au coeur de la culture franco-belge.


Notes:

1 Les histoires drôles présentées sans référence sont extraites du site internet www.rigoler.com.

2 Bergson. H., Le rire. Essai d'interprétation sur la signification du comique, Paris, 1978.

3 Fourastié, J., Le rire, suite, Paris, 1983.

4 Evrard, F., L'Humour, Paris, 1996.

5 Defays, J.M., Le comique, Paris, 1996.

6 Petitjean, A., "Les histoires drôles (`Je n'aime pas les raconter parce que...')", Pratiques, 30, 06/1981, p. 11-25.

7 Chaix-Ruy, J., "L'essence du rire", in: Revue d'esthétique, Paris, t. 3, 1950, 229-264 (numéro spécial), 236.

8 Petitjean, A., op. cit., 21.

9 Ibid, 15.

10 Greimas, A.J., Sémantique structurale. Recherche de méthode, Paris, 1966,
11.Petitjean, A., op. cit., 17.
12 Apte, M., Humor and laughter. An anthropological approach, IthacalLondon, 1985.
13 Apte, M., op. cit., 108.

14 Cité par Apte, M., op. cit., 130.

15 Cf. la démarche des auteurs de Que voulez-vous dire? Compétence culturelle et stratégies didactiques (Blondel et al.), Bruxelles, 1998.

16 Kleinschroth, R., La conversation en s'amusant (Sprechsituationen mit Witz gemeistert), Hamburg, 1995.

17  In Rubinstein H, Psychosomatique du rire. Rire pour guérir, Paris,1983, 153.

 


 

Bibliographie

- Apte, M. , Humo rand laughter. An anthropological approach, Ithaca/London, 1985.

- Bergson H., Le rire. Essai d’interprétation sur la signification du comique, Paris, 1978.

- Blondel et al., Que voulez-vous dire ? compétence culturelle et stratégies didactiques, Bruxelles, Duculot, 1998.

- Chaix-Ruy J ? « L’essence du rire », in Revue d’esthétique, Paris, t.3, 1950, 229-264.

- Defays J.M., Le comique, Paris, 1996.

- Evrard F., l’Humour, Paris, 1996.

- Fourastié J., Le rire, suite, Paris, 1983.

- Greimas A.J., Sémantique structurale. Recherche et méthode, Paris, 1966.

- Kleinschroth R., La conversation en s’amusant (Sprechsituationen mit Witz gemeistert), Hamburg, 1995.

- Petitjean A, « Les histoires drôles(‘Je n’aime pas les raconter parce que…’) » in Pratiques 30, juin 1981, p. 11-25.

-  Rubinstein H. , Psychosomatique du rire. Rire pour guérir, Paris,1983.

- Van der Boute-hen train, Anthologie de l’humour belge. Sois « Belge » et tais toi…tiens voilà du « Baudouin », Paris, 1978                                      


Luc Collès, UCL-CRIPEDIS